Posture de l'éphémère

 

Dominique Doulain plasticien français en résidence au CCI de Hammamet

 

« Les sentiers réfléchissants », performance sur la trace

 

Artiste plasticien français, Dominique Doulain était en résidence durant tout le mois de juillet au Centre culturel international de Hammamet. Il a réalisé au cours de son séjour des dessins au sol représentant le mouvement des muses que les visiteurs peuvent découvrir à travers une ballade dans les entiers du Centre culturel de Hammamet. Il a également réalisé une exposition de peinture dont il a dédié trois tableaux au Centre.

 

Posture de l’éphémère

Cette initiative est une tradition du Centre qui offre des opportunités aux artistes ayant des projets de création dans différents domaines artistiques et ce dans la perspective d’ « enrichir le travail de l’artiste dans un temps et un lieu donné » explique Doulain. Trois problématiques dominent sa démarche picturale. La première concerne la trace, le contour ou la frontière comme élément qui permet de juxtaposer des surfaces et des couleurs dans une certaine harmonie. La deuxième consiste pour lui à s’imprégner d’un site en l’occurrence celui du Centre culturel de Hammamet, un site emblématique qu’il connaissait déjà mais qu’il n’a pas eu le temps d’apprécier à sa juste valeur. « Ce lieu a des spécificités propres qui m’ont sensibilisé sur une performance graphique et plastique sur les entiers du jardins «  indique-t-il. Enfin, la troisième est thématique. Elle s’intéresse au personnage d’Eva Luna qui évoque la femme, l’espérance, le désir en rapport au titre du roman d’Isabelle Allende. Il s’agit là d’un point de départ qui s’est décliné en figuration et aussi en poésie.

D’autres éléments dont des questionnements sur notre monde actuel enrichissent cette démarche et interpelle le passant : les messages SMS, l’exil etc. Le lieu offre plusieurs possibilités de réflexion, « La juxtaposition sur la mer fait naître une harmonie qui éprouve l’être humain profondément dans son cœur. J’ai voulu donner une expression du ressenti liée à cette harmonie ». Dominique Doulain travaille à partir d’une émotion sans être préoccupé par la conservation de ce qu’il peint. « Je recherche un geste porteur de sens. J’aime travailler comme si c’était du brouillon, là où on peut faire des fautes ». Une posture de l’éphémère qui n’exige pas de matériaux coûteux. « Je suis content lorsque le temps efface mon travail. J’aime les rémanences de l’idée qui va au-delà de l’œuvre. Ce qui m’intéresse c’est l’émotion que génère ces fresques auprès du public ».

 

Creuset d’expressions

Dans ce site magique qui accueille aussi le Festival international de Hammamet, creuset d’expressions sensibles à travers le théâtre, la musique et le cinéma, l’artiste trouve là l’occasion d’enrichir sa démarche artistique, « je suis dans une position décalée par rapport à la culture et au public ce qui me permet de ressentir les choses avec plus de force et de profondeur et alimente ma pensée ».

Imbibé de ce site magique et de la lumière qu’il dégage, Dominique Doulain compte revenir sur le lieu pour monter un autre projet, un spectacle de lumière mettant en valeur Dar Sébastien, un lieu noble et fort du point de vue de son architecture. Un autre projet préoccupe l’artiste est celui d’installer durant une semaine un cours du soir d’art plastique pour adultes. Une manière d’être en contact et de nouer des relations avec les tunisiens dont il avoue « apprécier la qualité relationnelle notamment chez les femmes qui mêlent l’estime et l’envie ».

De la Tunisie où il a résidait autrefois, il apprécie un certain « désordre dans la forme esthétique des lieux comme le marché, les routes… » ainsi que la notion du temps qui est « décompté, élastique, infinie. Le temps est soit concentré, soit dilué. On sait prendre le temps de bien vivre avec simplicité et joie ».

Neila Gharbi